Gaillac: Cap sur les bulles!

Gaillac : le vignoble voit l’avenir en bulles

Un 8e séminaire a eu lieu cette 1ère semaine de juillet dans le cadre de la Maison des vins, située près de l’abbatiale St Michel. De nombreux partenaires ont ou ainsi réfléchir à l’évolution du vignoble gaillacois dans un contexte économique difficile et dans un environnement climatique perturbé ces dernières années par des épisodes de gel.

Un contexte économique difficile

Christophe Ramond a souligné l’importance économique de la filière viti-vinicole dans le département et les progrès exponentiels en matière de qualité. Le vignoble gaillacois est porteur de nombreux emplois directs et indirects ; il est aussi un des facteurs d’attractivité du Tarn. L’objectif du Département et nous y contribuons avec Maryline Lherm, est d’accompagner la filière pour faire face aux défis qui se dressent devant nous : changement climatique, offensive à l’export. Nous travaillons en collectif aussi aux côtés de nos partenaires pour améliorer la performance économique de nos exploitations. D’où l’importance de ce séminaire qui nous permet d’aller plus loin ensemble. De nombreux thèmes y sont abordés et le 9e séminaire prévu le 5 décembre prochain abordera le sujet crucial de la reprise -transmission.

Nous souhaitons aussi pointer le soutien du Département pour financer le travail du cabinet « Un terroir manager » à hauteur de 18 000 €. Reprenant la formule « Avec le rouge, rien ne bouge », avec les effervescents, il y a des choses à faire…Travailler sur les prix. Il s’agit aussi de reconquérir le marché local, vers le Tarn Sud (Mazamet, Castres…) et au-delà face à la concurrence des vins audois ou héraultais. Valorisons nos savoir-faire.

Nous avons aussi un projet de panneautage, avec des aides à 80%. Il y a aussi le dispositif des oeno-rando ; l’objectif est de garder nos touristes dans le Tarn.

Il y a aussi un travail de fond à mener sur le plan de la formation avec le lycée Fonlabour avec l’Ineopole.

Sur le plan technique, il faut continuer le travail pour combattre la flavescence dorée et la tordeuse de la grappe (120 à 130 exploitants concernés).

Il y a eu tout le soutien du département en matière de gel ; c’était le cas en 2021 avec 135 k€ et en 2022 avec 250 k€. I faut mentionner le soutien aux CUMA.

Ne pas oublier le rôle en appui du laboratoire départemental dont les analyses sont précieuses pour les vignerons et les viticulteurs.

Le côté festif ne saurait être passé sous silence, avec notamment les animations prévues dont la fête des vins de Gaillac.

Le pack ail rose, salaisons de Lacaune, Fromages, Veau du Ségala, est aussi avec le vignoble gaillacois un outil de promotion du Tarn, notamment au travers du Salon de l’Agriculture. Pour gagner aussi en renom avec Tarn attractivité, et la campagne de communication sur les effervescents (2021 ?)

Marilyne Lherm a insisté sur le rôle de soutien du Département avec la formule suivante : «  A vos côtés et avec vous » ; elle a relevé l’implication de tous les partenaires dans le cadre de ce 8ème séminaire ; le 9ème aura lieu en décembre ; le sujet en sera la formation notamment avec le lycée Fonlabour . L’étude Terroir manager a mis l’accent sur ce créneau des effervescents : « en matière de bulles, tout est perfectible ! ». Il faut souligner le travail de Jérémy Arnaud. Je salue l’adhésion de tous et de toutes. Un sujet qui nous préoccupe est la flavescence dorée. Il y a aussi la tordeuse de la grappe ; dans ce dispositif, déjà plus de 3000 hectares sont concernés par cette démarche.

 Jean-ClaudeHuc : président de la Chambre d’agriculture,  a remercié les organisateurs de la conférence de presse ; beaucoup de travail a été fait. L’adhésion des agriculteurs à ces séminaires montre l’attachement que les producteurs manifestent à l’égard de ce processus collectif dans 3 directions : sur le plan technique ;  sur le plan de l’accompagnement et de la formation ; sur le plan commercial avec la promotion des produits avec la Maison des Vins. A souligner aussi l’importance du Salon de l’Agriculture ; le travail fait sur le terrain, à Gaillac et aussi ailleurs. Restent à réaliser l’approche commerciale et l’approche marché.  Nos agriculteurs-viticulteurs ont les moyens de travailler sur la viabilité des exploitations. Il y a eu ce contexte difficile de 3 à 4 années de gel, le changement climatique, la problématique de l’eau, sujet cher à Christophe Ramond. Je pars maintenant pour rencontrer les producteurs de légumes de l’association Au plat.

Cédric Carcenac :  a rappelé en préambule l’existence millénaire de la vigne à Gaillac et son ancienneté avec la fondation de l’abbaye en 972. La filière viticole entretient une relation privilégiée avec le Département, à travers notamment le Laboratoire œnologique, un de derniers en France. Ce dernier délivre des analyses COFRAC, indispensables pour l’export de la production. L’IFV, situé près de chez nous à Montans, travaille sur le patrimoine génétique, sur le ver de la grappe, sur la diminution des intrants un objectif visé en 2030. La flavescence dorée est aussi un sujet de préoccupation ; l’attention est portée sur les parcelles de vignes abandonnées.  Le dialogue engagé entre les différents acteurs de la filière (coopératives, Maisons des Vins, laboratoire, vignerons indépendants, à l’occasion de ce séminaire est bénéfique ; le 9e séminaire prévu en décembre traitera du renouvellement des générations. Les panneaux et leur implantation dans le territoire du vignoble sont évoqués depuis 5 ans ; le marché est en cours, pour une application progressive jusqu’en 2027.

Quelles sont les perspectives du vignoble pour 2040 ?

Dans un contexte la baisse d’activité et la déperdition des surfaces, il s’agit de relever  trois défis.

1-l’emploi : avec l’implication du lycée Fonlabour, MFR Brens, …il s’agit de relancer les formations qualifiantes ; tailleurs, responsables de culture, …En effet, il existe très peu de formations initiales proposées dans les établissements d’aléas climatiques et économiques, il s’agit de mettre en œuvre un certain nombre de leviers pour éviter.

2-l’eau : l’enjeu est de maintenir le capital production, en s’efforçant de garder l’eau dans le sol.

3-le foncier : éviter la déperdition des surfaces ; en accompagnant les transmissions.

Il y a toute une action de reprise des parts de marché pour compenser la perte sur le rouge. Nous avons à Gaillac, la chance des « bulles », avec une production actuelle de 500 000 bouteilles ; nous sommes plus anciens que Dom Pérignon ou Limoux et nous possédons un cépage autochtone le Mauzac, avec une méthode ancestrale, la méthode gaillacoise. Tous les vignerons sont déterminés pour que la bulle soit un plus de développement, commercial et économique. Il y faut un accompagnement précis !

Christophe Caussé- Maison des Vins : une nouvelle dynamique se fait jour au sein du vignoble gaillacois, dynamique permise par le Département avec l’aide du Laboratoire œnologique. Des femmes et des hommes se battent pour la promotion du vignoble et la lutte contre la flavescence ; ce sont ces hommes et ces femmes qui font ce territoire.

Laure Fabre- Vignerons indépendants : Nous avons tracé tous ensemble une feuille de route, basée sur 3 points : la résilience climatique, la résilience économique et l’export. Notre Conseil départemental a la même vision que nous et nous l’en remercions. Avec l’organisation de ce séminaire, nous abordons ensemble les différents défis. Nous vivons en France une grande modification de la consommation des vins. Nous devons faire face à de nouveaux enjeux climatiques et commerciaux. La France est en surproduction dans de nombreux terroirs. Il est important d’agir avec une filière viticole travaillant sous la même bannière.

Sujet : enclencher une démarche positive sur les effervescents. Notre vignoble est multiple. Il s’agit de mettre en avant cette démarche pour promouvoir le produit-phare constitué par les effervescents. L’étude Terroir Manager nous y engage. Les rouges sont en chute libre. Les blancs sont en croissance ; les jeunes se tournent vers des boissons légèrement alcoolisées comme la bière. Les gaillac effervescents à plus faible degré d’alcool, correspondent aux tendances du marché. Il y a là un défi de la profession.

Sylvain Raimondi- laboratoire départemental : le laboratoire est un énorme atout pour le Département dans un contexte économique difficile et des enjeux climatiques préoccupants. Nous avons un laboratoire réactif, à la pointe de la technologique avec trois métiers : celui de l’analyse avec les accréditations COFRAC, nécessaires pour pouvoir exporter. ; celui de suivre les vignerons (avec Fabio), durant toute la saison ; nous nous posons en soutien pour aider les vignerons à faire le vin qu’il veut. Le 3e métier est celui lié à son rôle de plateforme technologique sur l’œnologie pour accompagner la filière, à côté de la Maison des Vins et de l’IFV, dans cette démarche de développement des produits effervescents. Il s’agit de promouvoir ces bulles qui sont là depuis toujours. Au plus proche des vignerons, chaque millésime est différent et apporte son lot de suspense.

François Davaux – IFV : L’IFV est basé au cœur du vignoble gaillacois. Dirigé par Eric Serrano, le laboratoire travaille sur la sélection clonale : plus de 300 cépages différents. L’IFV travaille sur les engrais verts, le travail du sol ; le laboratoire travaille sur la mécanisation, la robotique ; le laboratoire développe œnologique ; on travaille sur l’extraction des polyphénols par des champs électriques pulsés.

Question : Quel est le poids des bulles en matière économique et  quels sont les objectifs ?

Cédric Carcenac précise qu’en volume, on est 500 à 600 000 bouteilles AOP et sans IG, sur une centaine d’hectares. On souhaite passer à 200 ha et à 1000 000 de bouteilles.  Comment valoriser ? En faisant appel aussi au marketing.  On a besoin de doubler. St Michel et Labastide-Lévis vont nous y aider ; on va multiplier la production par 2 et la marge par 4. Les surfaces passeront de 100 à 200 hectares. Laure Fabre (Vignerons indépendants)  a dit le bon mot ; on parle de méthode gaillacoise et non de méthode ancestrale. La méthode gaillacoise : on ne rajoute pas de sucre ; on ne rajoute de liqueur. Le raisin utilisé est celui du cépage Mauzac ; il a un taux d’alcool très bas jusqu’à 11 ° ; a beaucoup de fruité ; il est très peu soufré.  Entre un crémant à 8 euros et un champagne à 15 euros, la méthode gaillacoise doit pouvoir trouver sa place. Il ne s’agit pas de renier notre campagne des 7 vins ,il faut garder en vue la qualité et l’utilisation de nos cépages traditionnels ; en rouge, le braucol, le prunelard, le duras, pour les blancs, baisser le sauvignon au profit du loin de l’œil et du Mauzac. Le Mauzac entre aussi de plein droit  dans notre évolution marketing avec le réchauffement climatique ; ramassé plus tôt, il aura moins de degrés mais il conservera son taux d’acidité, ce qui fait sa légèreté. Le vin effervescent répond ainsi aux attentes des consommateurs et permet de préserver les marges des producteurs. Cap sur les bulles !

Pierre-Jean Arnaud

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