
Gaillac : Qui a réalisé les peintures murales de Longueville ?
Le mystère demeurait entier jusqu’à ces dernières semaines pour tous ceux qui connaissaient l’existence des peintures murales de l’aérodrome de Longueville. Qui avait donc peint ces fameuses peintures tombées dans l’oubli et connues seulement de certains initiés ? Il faut dire que le lieu où se cachent ces oeuvres picturales est devenu un local de remise et de stockage pour les services techniques de la ville. Dans le cadre des conférences de la SAMPG, Didier Cenédèse, a déroulé la pelote du fil qui nous permet de remonter à la genèse de ces œuvres d’art et à leur exécution.
L’origine de Longueville et la création de l’aérodrome
Ce lieu-dit Longueville existait bien avant l’aérodrome. Des écrits anciens attestent de la présence d’un prieuré dès le XIe-XIIe siècle. Françoise de Lastic Saint-Jal est abbesse de Longueville. Plus tard, le bien est racheté par François Rech. Avant l’implantation de l’aérodrome, les débuts de l’aviation se font sur Gaillac. Une fête de l’aviation est organisée le 22 mai 1911 au lieu-dit Vitrac ; quatre pilotes sont invités au meeting dont une femme, Marthe Niel, pionnière de l’aviation et pilote sur monoplace, Joseph Frantz, pilote et as de la 1ere guerre mondiale, Maurice Prévost, recordman de vitesse avec 200 km/h. L’aérodrome est créé en 1932, le terrain ayant été acquis par la commune. Le premier conseil d’administration se tient avec Ordioni, président, Causse chef mécanicien, Mandirac, Granier, Nouvel, Calvet ancien maire, Raffel, Lhuillier. Le 1er avion acheté est un biplace, un Hanriot HD 141, acheté 20 000 francs avec une souscription. Ordioni habite le château de Ste -Cécile ; il pilote un Farman, appelé « la Bougeotte ». Une fête aérienne est organisée le 2 juillet 1933 à l’occasion du 3e tour de France des avions. Puis survient la déclaration de guerre le 3 septembre 1939 ; l’armistice est signé le 25 juin 1940. Les avions sont abandonnés ; certains pilotes se replient jusqu’en Algérie.
Les peintures murales sont inspirées de la BD de Marcel Jeanjean « Sous les cocardes »
Une école élémentaire de pilotage est créée ; elle dépend de la base 101 de Toulouse. Les aviateurs sont logés dans les baraquements de Longueville; c’est à ce moment que sont réalisées les peintures murales. Didier Cénédèse a eu l’idée de rechercher à la Bibliothèque Nationale de France, dans l’iconographie de la guerre de 14-18, les sources de ces peintures murales ; il est tombé sur la bande dessinée « Sous les cocardes » publiée en 1919 ; elle est due à Marcel Jeanjean, lui-même aviateur. Ce sont ces illustrations qui ont inspiré les auteurs des peintures de Longueville, dont René Cornut, principal intervenant. Souhaitons que malgré la vétusté des baraquements, ce témoignage pictural de la vie de l’aérodrome puisse être préservé ; mais « rien n’est moins sûr, vu le contexte budgétaire actuel », glisse Alain Soriano, adjoint à la culture. Il faudrait un mécène !
Pierre-Jean Arnaud