Gaillac: Parc Foucaud 1) le bâti

Parc Foucaud : un voyage au cœur du patrimoine bâti et patrimoine naturel -1er juin 2017

Le jeudi 1er juin a été l’occasion pour les participants de la Pause café Pause musée, organisée par le service culture de la ville de Gaillac. Bertrand de Viviès intervenait pour la partie bâtiment et architecture alors que  Bernard Huet  guidait les visiteurs dans une promenade à travers la composante végétale du parc.

La villa de Foucaud voit le jour hors les murs au XVII siècle

La famille de Foucaud  est une famille de consuls qui avait des charges au Parlement de Toulouse. Au début du XVII siècle, la famille décide de faire construire une résidence d’été à Gaillac, hors les murs comme cela se faisait à l’époque. En effet, à partir de la Renaissance, certaines personnes ont commencé à vouloir habiter en-dehors de la ville pour avoir une maison à la campagne. La famille a donc d’abord acheté une dizaine de parcelles et entrepris divers travaux d’aménagement  sur ces 3 à 4 hectares constitués de bois, de vignes, de champs, d’une carrière d’argile, de jardins. Le projet a donc vu le jour avec une résidence, un bâtiment pour les réceptions  et un grand espace autour, avec des architectes dont le nom ne nous est pas parvenu.

Le génie hydraulique du fontainier Vaissière ; on songe à la villa d’Este

Par contre nous avons le nom d’un ingénieur hydraulicien appelé autrefois fontainier, un certain Pierre Vaissière qui a procédé à la mise en eau du parc alors qu’existait déjà un système d’irrigation assez évolué dans la zone de l’Hortalisse et avec le Merdialou. Vers 1630, 1640, 1650, les propriétaires ont aménagé les terrains en plans et en différences de niveaux jusqu’au Tarn. Vaissière a amené le réseau des eaux du nord au sud avec un système de bassins ; la maison a été construite sur le modèle de la villa d’Este, à Tivoli, près de Rome, bâtie un siècle avant, avec ses jardins de la Renaissance.

Le bâtiment principal : le château

Dans cette villa du parc Foucaud, il y a la partie château ; celui-ci est constitué d’un corps principal et de deux retours. Le bâtiment a vu le jour dix à quinze ans après le parc à la croisée est-ouest, et en bordure de la rupture de pente. Sur le côté Nord, juste un avant-corps, c’est très sobre.

Remarque sur le traitement architectural des façades

On a voulu rajouter dans les années 70, lors de la restauration, des bandes de mortier, dans les angles et sous les corniches, alors qu’on avait rejointoyé les briques ; sans doute a-t-on voulu faire un clin d’œil archéologique ? Mais le procédé est ambigu, soit on met tout en mortier, soit on préfère la brique apparente. Pour avoir une idée d’un bâtiment en référence à l’époque, il faut examiner celui de l’Orangerie situé à côté du Château ; on a des décors enduits avec à l’italienne ; les corniches étaient enduites ; par le goût de l’enrichissement théâtralisé, pour lui donner l’aspect de la pierre, matière noble. Depuis quelques années, c’est plutôt la mode du décroutage. Quand il s’agit d’un bâtiment comme la cathédrale Ste Cécile d’Albi qui a des murs en briques très épais, de plusieurs mètres, cela paraît assez évident. Mais cela l’est moins pour les habitations ou pour les maisons du Vieux Gaillac, dont les parois ne dépassent pas 50 à 60 cm d’épaisseur ; dans ces demeures, la pluie, les intempéries  agressent les façades  qui ne sont plus protégées. Quelques bâtiments étaient faits d’emblée en briques, avec des joints particuliers, des joints ferrés ; mais c’était une minorité.

Evolution architecturale: le château et ses annexes

D’autres bâtiments ont au cours du temps, été rajoutés à la Villa de Foucaud : le Pavillon de lecture du XVII siècle ; l’Orangerie, bâtie sur 3 niveaux  vers 1780 ; avec un 1er étage pour habitation ; elle est construite en style italien avec des faux bossages, des décors tabulaires, des fausses balustrades, suivant ce qui se faisait à l’époque.

Les petites ouvertures dans la façade : des bouches à feu

Les fines ouvertures dans les murs de brique du château étaient en fait des bouches à feu pour pouvoir y passer le canon d’une arquebuse ou d’un mousquet ;  c’était à l’époque de la période troublée des guerres entre protestants et catholiques ; on retrouve les mêmes à Castres, notamment à l époque des ducs de Rohan et de Montmorency et dans le palais abbatial à St- Michel. Sous l’Empire, on opère une modification, on déporte les entrées face à la villa et on construit le bâtiment hémisphérique des écuries entre 1800 et 1810 ; ce bâtiment avait été menacé car le maire Jean Calvet avait voulu dans les années 1930, faire des bains douches ; le lieu a été sauvé ; un mur en béton a été classé patrimoine remarquable du 20 ème siècle.

Vue cavalière et pavillon de fraîcheur

La vue cavalière du XVIIème siècle nous situe bien un jardin où l’influence italienne est dominante. Déjà évoqué, le savant système hydraulique mis en place dès l’origine par le fontainier Vaissière, « alimente les deux grands bassins du sud par trois masques bachiques en pierre. Un bassin rond occupe le centre du parterre sud dominé à l’est par un grand parterre bordé dans sa partie orientale par un théâtre de verdure et dans sa partie occidentale par un grand bassin quadrilobe dont l’île centrale abrite un pittoresque bosquet de bambous ». A remarquer aussi, un très beau pavillon du XVIIème siècle, rare élément de cette époque, qui occupe l’angle sud -ouest de ce parterre. Ce pavillon de fraîcheur ou de lecture est construit en brique sur la base d’un plan carré. A chaque angle, des tourelles dont le toit bombé est surmonté des décors de terre cuite évoquant des divinités marines ou du fleuve : naïades, tritons…Au sommet du toit principal en forme de dôme,  se trouvait un putti à cheval sur un dauphin, qui a disparu. Sur ses murs extérieurs, on peut noter sur ce bâtiment qui n’est pas restauré la trace d’enduits anciens. Un labyrinthe de buis existait qui a aussi disparu. Dans la partie orientale, on trouvait également une scène sur laquelle a triomphé Gustave Charpentier et ses « mimi pinson » en 1914.

Dévolution du château et acquisition par la mairie

La famille Foucaud  a occupé les lieux pendant un siècle ; lui a succédé la famille d’Huteau puisque par succession, une fille Puységur avait épousé un d’Huteau. Ensuite, la famille Puységur a vendu le parc à la ville de Gaillac en 1903. Elle en demandait un prix très élevé ; la municipalité ne voulait pas mais a fini par céder sous la pression des habitants, tout heureux de retrouver un jardin dont l’usage était déjà semi-public. Aujourd’hui, ce parc comprend 5 hectares environ. L’ensemble bénéficie de la protection au titre des monuments historiques et des sites.

Un regard original sur le parc et son pavillon de lecture : 

http://nell-touche-a-tout.over-blog.com/2016/11/le-pavillon-de-lecture-du-parc-de-foucaud.html

Pierre-Jean Arnaud

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