Gaillac : Thomas Bert évoque le patrimoine fluvial
Dès l’antiquité, le Gaillacois a été le cadre d’une activité intense sur le plan des échanges commerciaux. Montans, site de production gallo-romain, réunissait les conditions (argile, eau et bois) pour une activité de poterie destinée aux usages domestiques et aussi au transport des denrées, comme le vin. Terre de production de cépages antiques, le Gaillacois a de par la présence de la rivière Tarn, bénéficié de ce courant commercial et l’implantation à la fin du Xe siècle de l’abbaye bénédictine de St Michel a contribué à donner un essor particulier à la culture de la vigne en raison de la présence de débouchés importants vers Bordeaux, le Sud-Ouest et même au-delà. Thomas Bert, chargé de mission sur le patrimoine, a convié ses invités d’un jour ce 14 mars à visiter le patrimoine fluvial de Gaillac, commençant son périple par le lavoir du Théron.
Une tête de navigation très active
Pendant plus de 9 siècles, Gaillac a donc vu son importance portuaire grandir au fil des années jusqu’à ce que le transport ferroviaire (1ère ligne en 1864) vienne mettre un terme à ces échanges fluviaux florissants. En 1926, l’arrêté de fin de navigabilité sur le Tarn donne un coup d’arrêt à ce transit fluvial, la route et le chemin de fer venant supplanter un transport onéreux et moins rapide. Le port a été aménagé dans la partie concave du cours d’eau ; 200 navires y transitaient. Outre la tonnellerie, on trouve des ateliers de fabrication de bouchons, de cordages, des maisons de marine. Si pour la descente, la navigation était facile ; il en était autrement à la remonte où bêtes et gens tractaient sur des chemins de halage, des bateaux chargés de produits manufacturés, de tissus, de sel, de harengs, de rhum, de canne à sucre. Les gabarres à fond plat cèdent ensuite la place aux sapines, plus profondément carénées. Dès 1820 jusqu’en 1836, le marquis de Solages reçoit l’autorisation de creuser depuis Albi, le lit de la rivière avec un système d’écluses, remplaçant les payssières, systèmes de plans inclinés, pour supprimer les hauts-fonds et rendre ainsi possible le transport du charbon sur le Tarn.
Un urbanisme de centre-bourg marqué de l’empreinte fluviale
Des bâtiments comme les abattoirs créés sous le IIe empire ont vu ainsi leur activité perdurer pendant près d’un siècle, jusqu’au début des années 1970 ; situés en bordure du ruisseau Clarieux, ils exploitent une position favorable pour évacuer les déchets. Autre témoin de cette époque : la maison de navigation construite en 1882 a abrité de façon éphémère ateliers et savoir-faire fluvial avant de devenir récemment un lieu de stockage pour la mairie. Sur le quai, un bâtiment aujourd’hui en ruine était le siège d’un premier hôpital St Jacques, hébergeant les pèlerins sur le chemin compostellan.
Les ponts sur le Tarn
Les déplacements sur le Tarn se faisaient sur un bac au niveau du parc de Foucaud. Après un 1er pont au XIII siècle, emporté par les crues, au niveau de la centrale hydro-électrique, on construit à hauteur de l’abbatiale St Michel, un premier pont suspendu remplacé ensuite par le pont actuel. Le pont de Brens édifié fin XVIIIe – début XIXe siècle, est reconstruit en 1939-1940.
Pierre-Jean Arnaud