
Gaillac : Le tour d’abandon des enfants abandonnés
Devant un auditoire captivé par son récit, Martine Houdet a conté au cours de sa conférence donnée dans l’amphi Dom Vayssette l’histoire poignante des enfants abandonnés depuis le XVIIe siècle jusqu’à la guerre de 1914. Cette conférence, donnée dans le cadre du cycle des Amis des Musées et du Patrimoine Gaillacois (SAMPG), a été introduite par Alain Soriano ; il a évoqué les temps anciens où les familles étaient conduites en raison de leur misère extrême à abandonner les enfants, cf. Victor Hugo.
Un déclic familial
Martine Houdet est partie de sa propre histoire familiale ; elle a découvert qu’un de ses lointains parents, un trisaïeul maternel avait été ainsi abandonnée au tour de l’hospice de Gaillac, toujours existant à l’heure d’aujourd’hui. Un nouveau-né, déclaré par Antoinette Porte, sage-femme à la mairie de Rabastens, est amené à l’hospice de Gaillac le 15 février 1821 ; il est déposé au tour d’abandon ; sa mère est Louise Valax, servante dans une famille bourgeoise ; Jean Valax quitte ainsi Rabastens ; il est enregistré au tour d’abandon sous le nom de Ciffroy Bataille.
Petite histoire du tour d’abandon avec l’attribution de prénoms insolites
En 1638, saint Vincent de Paul fonde un orphelinat avec sainte Louise de Marillac l’Oeuvre des enfants trouvés. En 1662, un édit royal ordonne la création d’un Hôpital général dans chaque grande ville de province ; s’y ajoute en 1670 le service des enfants trouvés. A Gaillac, l’hôpital trouve sa place avenue Jean Calvet et le tour d’abandon est aménagé rue de la Voulte. Des noms parfois insolites sont donnés aux enfants : Nabuchodonosor, Protagoras, Langouste, Brouette, Mina, Egyptienne, Zorobabel. Les enfants arrivent en général baptisés. Leurs nourrices doivent satisfaire à certaines conditions : présenter un certificat médical, avoir entre 20 et 30 ans, avoir du bon lait et être de bonne moralité. Elles reçoivent une rémunération équivalente à celle d’un ouvrier agricole. En 1817, on compte 52 nourrices employées par l’hôpital de Gaillac. Martine Houdet conclut en disant : « En 2025, on a peine à imaginer la vie de ces enfants trouvés ; Ciffroy Bataille est passé au-delà de toutes ces épreuves ».
Pierre-Jean Arnaud