Gregorios III: le combat spirituel

« Ne vous laissez pas entraîner par des sentiments de désespoir », par Gregorios III

source Zenit

Lettre de carême sur la tradition spirituelle de l’Eglise catholique melkite
Anita Bourdin
ROME, 25 février 2014 (Zenit.org) – « Ne vous laissez pas entraîner par des sentiments de désespoir, de dépression, de désillusion, par la tentation de blasphémer, par la perte de confiance en Dieu, en sa Providence, en son amour et en sa miséricorde », demande Sa Béatitude Gregorios III, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem dans sa lettre de Carême 2014 consacrée à « La grâce du jeûne ». Une tradition spirituelle de l’Eglise catholique melkite.

L’importance du jeûne et de la prière
Il souligne l’importance du jeûne dans le combat spirituel: « Nous avons besoin des armes du jeûne et de la prière plus que jamais. C’est ce que nous enseigne Notre Seigneur Jésus-Christ quand Il dit (Marc 9, 29) : « Cette espèce-là ne peut s’en aller que par la prière ». »
C’est pourquoi le patriarche lance cette exhortation : « Nous vous invitons à recourir à l’arme de l’esprit, à l’arme de la foi, à l’arme de l’espérance, lorsque vous êtes devant l’écran de télévision ou prenez connaissance d’autres moyens de communication. Ne vous laissez pas entraîner par des sentiments de désespoir, de dépression, de désillusion, par la tentation de blasphémer, par la perte de confiance en Dieu, en sa Providence, en son amour et en sa miséricorde (…) Ne nous laissons pas vaincre par des sentiments qui détruisent l’âme et le corps. Cela est aussi une partie de la pratique du Carême : il doit susciter en nous espoir et confiance. »
Le patriarche rappelle la « sainteté » du temps du carême: « cette période de l’année et de notre vie chrétienne est une des plus saintes de l’année. Elle occupe une place privilégiée chez tous les fidèles de notre Église, malgré les nombreuses dispenses qui ont allégé le poids de l’aspect corporel de la loi du saint Carême. »

les deux aspects du jeûne
Il indique les deux aspects du jeûne, « le jeûne corporel et le jeûne spirituel » en disant: « Il n’est pas permis de séparer le jeûne corporel du jeûne spirituel. De même, il n’est pas permis de préférer ou favoriser le jeûne corporel par rapport au jeûne spirituel, ou le spirituel par rapport au corporel. L’Écriture Sainte, la tradition chrétienne, la coutume ecclésiastique, la logique et la sagesse naturelles démontrent l’importance des deux sortes de jeûne. Tous les deux sont une obligation de la dévotion et une preuve de notre foi en Dieu, ainsi qu’un acte d’amour à l’égard de Dieu et du prochain, surtout le prochain pauvre, qui est dans le besoin ou faible. Malheureusement, certains disent : Moi, je fais l’aumône au pauvre, et cela me dispense du jeûne. Ou encore : Je cesse de fumer pendant le Carême, et cela me dispense du jeûne. Ou aussi : Je cesse de manger du chocolat pendant le Carême, et cela me dispense du jeûne. Toutes ces choses sont de belles œuvres de vertu, mais elles ne dispensent pas du jeûne corporel traditionnel, qu’elles complètent et expriment, car elles sont une partie du jeûne. »
Il affirme pour cela l’unité de l’âme et du corps en citant cette prière de la « Liturgie des Présanctifiés » (Proaghiasmena) : « Dieu grand et digne de louanges, qui, par la mort vivifiante de ton Christ, nous as fait passer de la corruption à l’incorruptibilité, libère tous nos sens des passions qui tuent et donne-leur pour bon guide la raison intérieure : que l’œil s’abstienne de tout regard mauvais, que l’oreille soit inaccessible aux paroles oiseuses, que la langue se nettoie de tout discours inconvenant. Purifie nos lèvres qui te louent, Seigneur ; fais que nos mains s’abstiennent de toute œuvre perverse et n’accomplissent que celles qui te plaisent. Affermis tous nos membres et notre entendement par ta grâce. Car à Toi convient toute gloire, honneur et adoration, Père, Fils et Saint Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amin. »
« De même, ajoute le patriarche, nous donnons l’onction de l’huile aux malades en invoquant pour eux « la guérison de l’âme et du corps ». »
Il rappelle aussi la dimension corporelle de la prière: « L’Église nous invite à nous lever, à nous asseoir, à nous agenouiller, à incliner la tête et le corps, à plier les genoux, à pleurer, à nous exclamer, à nous frapper la poitrine, … De même, nous donnons l’onction de saint Myron pour tous les sens et les membres de notre corps : le front, les yeux, le nez, la bouche, les oreilles, la poitrine, les mains et les pieds. De la même manière, l’enfant est oint avec l’huile avant d’être plongé dans l’eau du baptême. »
Il précise en quoi consiste le jeûne pour l’Eglise melkite: « La pratique de la vertu du jeûne et l’obligation du jeûne corporel consistent à s’abstenir de nourriture de minuit jusqu’à midi, ainsi que l’abstinence de certains aliments (viande et laitages), mais aussi en l’accomplissement de bonnes œuvres, l’aide aux pauvres et la solidarité avec les autres. Tous ces aspects sont liés, se complètent et constituent la pratique et le commandement du Carême et du jeûne. »
Il rappelle aussi que les prières liturgiques constituent une véritable une « école spirituelle », un « guide vers la grâce du jeûne spirituel et corporel ».
Le patriarche melkite catholique souligne les six principaux effets spirituels du jeûne: « le jeûne aide à l’élévation spirituelle. Le symbole en est le char d’Elie, qui avait jeûné pendant quarante jours avant son élévation au ciel sur un char de feu »; « la grâce du jeûne fait que l’homme pénètre en profondeur dans le sens de la Loi divine, des Dix Commandements »; « la grâce du jeûne a fortifié le prophète Daniel »; « la grâce du jeûne opère des miracles »; « la grâce du jeûne a fortifié les trois jeunes gens qui ont résisté aux flammes de la fournaise des Babyloniens et les ont éteintes »; « la grande grâce que la pratique du jeûne procure est qu’elle nous rend spécialistes de Dieu ! »
J’appelle au jeûne communautaire. J’encourage les familles, les jeunes gens et les jeunes filles à jeûner. J’espère que le jeûne, uni à la prière et à la lecture de l’Écriture Sainte, pourra créer dans chaque maison une atmosphère de spiritualité familiale grâce à la participation de tous les membres de la famille, et ainsi renforcer et approfondir les liens spirituels familiaux et sociaux, et être un facteur d’unité. Cette unité est la base du bonheur de la famille et lui permet d’éviter les dangers qui la menacent aujourd’hui plus que jamais.
« Avec l’Église nous prions », conclut le patriarche : « Du Carême la grâce pleine de clarté a resplendi sur nous en ce jour plus brillante que le soleil ; répandant sur nos âmes son éclat, comme nuages elle chasse nos péchés ; aussi courons nous d’un cœur léger, joyeux de parcourir le stade divin, et dans l’allégresse crions au Seigneur : Sanctifie ceux qui l’accomplissent fidèlement » (Lucernaire de lundi du cinquième semaine du Carême).

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