Graulhet: Le malade imaginaire

Graulhet : Le malade imaginaire, satire sanitaire et sociale toujours actuelle  

Beau succès de la Compagnie du Vol Pané ce jeudi 27 janvier en la salle du Foulon pour cette représentation du Malade Imaginaire. Carole Costantini, Stéphanie Fatout, Pierre Laneyrie et Alexis Moati ont revisité la pièce de Molière sans la dénaturer, par touches singulières.

Un début chaotique en décor minimal

Voici qu’au tout début le décor est planté, sobre et minimal. La pièce se joue non pas depuis la scène mais au pied de celle-ci, immergeant le public dans le jeu des acteurs. Cette disposition pour le moins   originale, rend plus palpable le récit des acteurs. Véritable prouesse, les 4 acteurs réussissent le tour de force de restituer à eux seuls l’ensemble des rôles (plus d’une dizaine au total).  Au commencement, la confusion est à son comble ; les acteurs lisent leur texte à tour de rôle puis la cacophonie prend le dessus quand la voix de chacun se superpose à celle d’autrui. La pièce démarre enfin avec le catalogue des médicaments et traitements prescrits par Monsieur Purgon, médecin d’Argan.  Ce dernier veut à tout prix voir sa fille Angélique épouser Thomas Diafoirus, fille de l’illustre médecin Diafoirus. On connaît la suite ; tous ces efforts sont déjoués par Toinette, servante d’Argan, qui  contrecarre les projets paternels, au profit de Cléante qu’Angélique a choisi.

Une langue qui traverse le temps sur fonds de clins d’œil

Alexis Moati et Pierre Laneyrie en ont pris leur parti. Voici un très beau texte qu’il leur faut magnifier. Le propos n’est pas de reproduire à l’identique une pièce figée dans ses décors classiques. Ils l’inventent à l’instant, sans trahir l’esprit de Molière. Ainsi qu’ils l’expliquent eux-mêmes, « le rapport au texte est sous-tendu par un engagement physique important qui permet d’évacuer toute velléité de psychologie dans l’interprétation. Les acteurs évoluent au sein d’un dispositif, et non d’un décor, à partir duquel ils construisent les univers successifs qu’ils traversent. L’espace, le son, les lumières et la vidéo sont considérés comme les partenaires de jeu des acteurs et sont présent dès les premières étapes du processus de création. Ce travail tient plus de la préparation de la rencontre avec le public, que d’un processus de répétition classique. Chaque représentation cherche à être un acte unique, à puiser sa source dans le vivant, à l’opposé d’une tentative de reproduire ce qui a été joué la veille. Le rapport au présent immédiat, à l’accident, à ce qui arrive, est constitutif du théâtre que revendique la compagnie. »

Plusieurs trucs ou truchements modernes sont déployés par nos metteurs en scène pour rendre « aimable » la pièce :  l’apparition vidéo de Louis de Funès en Harpagon, la chanson du groupe Il était une fois « J’ai encore rêvé d’elle », l’appel sur scène de jeunes spectateurs pour donner la réplique à Argan ou encore une bataille intempestive de polochons. Sans compter des mouvements d’acteurs inattendus et une restitution du texte en accéléré, accentuant l’effet comique de certaines situations. Bref une mise en scène parfois déroutante mais au final qui n’altère pas l’esprit de Molière et la richesse de sa langue. Le tout relié au contexte de la période « covidesque » actuelle où émergent parfois bien des Diafoirus.

Pierre-Jean Arnaud

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *