Graulhet : Le trio Rossini subjugue le public du Foulon
Superbe prestation musicale dans la salle de spectacles du Foulon du trio Rossini. Composé de la chanteuse mezzo-soprano Nadia Yermani, du violoniste Roberto Stefano Salfati et du violoncelliste Alain Simonou, tous professeurs au Conservatoire de Musique et de Danse du Tarn, ce trio a régalé son public en ce dimanche 19 décembre. C’est à un voyage à travers les différentes époques et tous les styles de musique depuis l’opéra Sémélé de Haendel, Rinaldo, en passant par la sarabande de Bach, à l’élégie de Massenet jusqu’aux airs de Semiramis de Rossini. Dans Sémélé, Junon crie vengeance contre son mari volage Jupiter ; en effet, celui-ci a jeté son dévolu sur cette simple mortelle pour laquelle il a fait construire un palais près de Cythère et dont l’entrée est protégée par deux dragons. Air où éclate la colère de Junon. Dans Rinaldo, l’air « Cara sposa, amante cara » met en scène le chef des croisés devant Jérusalem qui déplore la perte de sa promise, Almirena. « L’air était interprété à l’origine par un castrat », confie Nadia Yermani qui nous livre avec conviction la plainte de ce lamento. Alain Simonou nous entraîne dans une sarabande de Bach avec les accents émouvants du violoncelle, un des instruments les plus proches de la voix humaine. Après « Io son l’umile ancella » d’Adrienne Lecouvreur, opéra de Francesco Ciléa, joué en 1902, c’est l’air « Morro, ma prima in grazia » chanté par Amelia dans le Bal masqué de Verdi, qui atteint des sommets d’émotion. Un duo violon-violoncelle de Haydn permet de donner la parole aux instruments et c’est le retour à l’opéra avec l’air de la Séguidilla de Carmen, interprété avec fougue et maestria par Nadia. Après « Lagrimas mias » et un détour par la Zarzuela, c’est la très nostalgique Elégie de Jules Massenet « O doux printemps d’autrefois, vertes saisons, vous avez fui pour toujours ! », sur un poème de Louis Gallet. Extrait de Norma de Bellini et immortalisé par la Callas, « Casta diva », donne l’occasion à Nadia Yermani de s’attaquer à un des airs les plus célèbres du répertoire du bel canto où sa voix naturelle excelle. Dans une tonalité différente et empreinte de gravité, Alain Simonou permet dans le traditionnel « Cant des ocells » catalan d’évoquer la joie de Noël ; « Aujourd’hui, nuit de Noël, est une nuit de grand bonheur », ainsi répond à l’aigle le fragile moineau. En conclusion, un grand bonheur aussi avec l’air tiré de Sémiramis de Gioachino Rossini, qui achève de façon dynamique ce concert lyrique et instrumental ; il restera longtemps dans la mémoire musicale graulhétoise. Grand merci à l’équipe municipale pour cette initiative culturelle.
Pierre-Jean Arnaud