Graulhet: Les 40 ans des Poètes

Graulhet : Les 40 ans des Poètes sans Frontière

La soirée des 40 ans des Poètes sans frontière a retrouvé son public ce samedi 22 avril en la salle du Foulon, ex-Auditorium, dans la senteur des frais lilas et l’exposition des sculptures bois de Jean-Louis Séguier. Cette soirée riche en chansons, fables et poésies, a d’abord été introduite par Régine Parayre, une des fondatrices des Poètes sans frontière. Son invité d’honneur fut Alain Bardou.

Historique et genèse des Poètes sans Frontière

Régine Parayre, « toute remplie d’émotions et des souvenirs de ces quarante années », rappela les débuts des Poètes sans Frontières, section de l’Eveil artistique, et expliqua le choix de ce nom qui renvoie aux concepts « d’ouverture, d’échange, de paix, d’amitié ». Appuyée par une conseillère municipale de l’époque en 1983, Marie-Thérèse Contis et soutenue en autres par Henri Manavit, Christian Bruyère, Jeannine Soulié, bibliothécaire, Poètes sans frontière vit le jour. En mai 1984, eut lieu la première soirée poésie ; la soirée annuelle fut ainsi créée ; elle s’ouvrit au public, incluant parfois la participation d’autres artistes, chanteurs, peintres ou sculpteurs. En 1989, Jean-Paul Aymès succèda à Régine Parayre à la présidence des Poètes sans Frontière ; cette année-là, sont invités Simon Brest et Gaston Puel. Des lectures et des auditions sont données dans les maisons de retraites, les écoles, procurant des moments de rêve ou de découverte. Après une interruption durant les 2 ans du Covid, Les Poètes sans Frontière se retrouvèrent en 2022 en la salle du Foulon. Depuis, ils se réunissent aussi chaque 3ème vendredi du mois à la Halle aux Arts pour une lecture-échange de poèmes. Un atelier de poésie est organisé par Eliane Biederman, tous les 2èmes mardis du mois à la médiathèque. Dès les années 90, un recueil de poésie fut publié tous les deux ans. En 2013, une anthologie sortit de l’imprimerie, intitulée « Balade à travers la poésie graulhétoise de 1880 à nos jours ». Régine Parayre mentionna le lien avec ARPO d’Albi qui organise une rencontre poétique à « la Brasserie du Parc » (Rochegude) tous les 1ersmardi du mois. Ses remerciements allèrent à Jean-Paul Aymès pour son fort investissement dans la rédaction des recueils bisannuels.  Régine Parayre eut une pensée pour tous les membres empêchés ou malades, citant ainsi Christine Pélissou, Marie-Christine Barbaro, Paulette Bogdel, André Moussière, Amédée Sabatié. Elle évoqua ensuite les membre disparus du cercle des Poètes sans Frontières, notamment Gabriel Rouyre, Yves Coulon, Pierre Taillan, Franck Bruyère, Yvette Clauss. Régine Parayre acheva son intervention en exprimant sa gratitude envers le public fidèle du Foulon et envers tous les membres de Poètes sans Frontière d’hier et d’aujourd’hui, qu’anime la flamme poétique : « Merci à la poésie parce que notre esprit y trouve un abri. »

Chansons, poésies et fables et hommage aux disparus Yves Coulon et Gabriel Rouyre

La soirée fut dense, à la fois verbale et musicale, alternant chansons, poésies, fables et hommages à nos chers disparus Yves Coulon et Gabriel Rouyre, avec des expressions stylistiques diverses et variées.  Eliane Biederman récita trois de ses poèmes, « Miracle de la fête », (une évocation de la joie du cirque), « Mois de mai » et « Par-delà la roselière » avant que Jérôme Laquerbe ne nous divertisse avec ses jeux de mots, ses allitérations et ses virelangues. Françoise Mauriès évoqua la figure du père grâce à « Menthe ». Christian Bruyère à l’accordéon et Julie à la guitare proposèrent un duo vocal et musical inédit avec une chanson vraiment près du corps : « De tes hanches à ton cou…, laisse-moi pirater ta clé USB ». Jean-Louis Séguier présenta ses trois fines sculptures en bois représentant clé de sol, clé de fa et violon, hommage voulu par lui à nos ancêtres préhistoriques qui nous ont conduit petit à petit sur le chemin des arts, préfigurant toute démarche esthétique actuelle ; il lut ses poèmes « Frontière de l’homme libre » et « La beauté du geste ». Régine Parayre donna la parole à ses pieds : « Si nos orteils pouvaient parler » et nous invita à rentrer dans sa « Danse ». Mélanie Fourgous par la voix de Christian Bruyère nous mit dans les pas du « Fantôme jamais retrouvé ». Jean-Pierre Bonsirven exprima la force d’une hymne à la nature, inspirée de Giono. Christian Bruyère et Julie nous entraînèrent au Paraguay pour un refrain langoureux « Cantando con tu recuerdo, Florece, mi corazón ! ». Puis ce fut le tour de Francette Coulon, qui donna lecture de « Vent d’autan », une des premières compositions d’Yves Coulon, récemment disparu. Pierre-Jean Arnaud déclama un poème en hommage à ce même Yves Coulon reprenant le titre de sa fameuse chanson-fétiche « Les éoliennes » qui fit tourner bien des années les bras des spectateurs. Françoise Mauriès célébra la langue occitane, dont elle est une des rares chantres : « Un jour, vous la pleurerez la langue occitane ».  Toujours en parler occitan, Anne-Marie Caparros nous emmena en terre réalmontaise avec l’émouvante « Pregaria per un vilatge » de Louisa Paulin, composée en 1943, un an avant sa disparition. Egalement écrit en 1943, « Retour à Graulhet » fut l’occasion pour Jean-Paul Aymès d’un hommage au jeune lycéen d’alors revenant d’Albi, Gabriel Rouyre qui vient de nous quitter ce début avril. Le trio formé par Robert Delbouys, Monique Garnero et Pierre-Jean Arnaud conquit le public en dialoguant sur le mode comique deux fables de la Fontaine : « L’huître et les plaideurs » ainsi que « Les femmes et le secret ». Lucien Enderli resta dans la veine comique en proposant des quatrains à « la chute » humoristique ; nous avons retenu que « les masseuses vietnamiennes font un bien-bien-fou ! ». Paulette Nouaillac récita plusieurs poèmes du poète tunisien, francophone, Tahar Bekri, rappelant « le temps des jarres remplies de dattes », « les citronniers parfumant nos demeures » et « la nuit tombant céleste comme une figue noire. » ; elle reprit « Si la musique doit mourir », en hommage aux Iraniens, sous contrôle des mollahs. Jean-Pierre Bonsirven interpréta un chant composé par Jean Debruynne « Mon enfant que nous attendons ». José Garrigou nous conta avec son talent habituel deux histoires :  le destin de la Païva, la lionne demi-mondaine de Paris face à celui « des filles publiques gémissantes de maltraitance » et la romance pastorale « J’étais à la Sophie ». Jean-Paul Aymès délivra un message de paix avec « Cowboy » rédigé au moment de la 2e guerre du Golfe et rebaptisée Cosaque à l’occasion de la guerre d’Ukraine.

Alain Bardou, chantre de Philippe Forcioli ; la clarinette de Marion et son bâton de pluie

Invité d’honneur de cette soirée des 40 ans des Poètes sans Frontière, Alain Bardou l’anima en avouant son attachement profond au poète et chanteur Philippe Forcioli, né à Oran et originaire de Forciolu en Corse du Sud, fauché par la maladie en février dernier. Pour Corse Net Infos, Philippe Jammes en parle ainsi : « C’était d’abord un homme de foi et de convictions mais jamais intolérant, une sorte de laïc ayant puisé dans la religion ce qu’elle a d’humain et de fraternel. Il n’est donc pas étonnant que, plus qu’une carrière, c’est une œuvre de 40 ans qu’il a construite, une œuvre où la spiritualité tient une place importante dans tous les thèmes qu’il a abordés : l’amitié, l’amour, la nature, la mort, les interrogations… La force de Philippe dans sa poésie, c’est aussi cette part d’innocence qu’il portait en lui et qui le poussait à s’émerveiller de tout. Philippe Forcioli, c’était également une diction parfaite, une voix douce, chaude, et ensoleillée qui vibrait aux accents de la Méditerranée ». http://sitephilippeforcioli.free.fr/cdonnestjamais.htm. Alain Bardou interpréta une de ses chansons marquantes : « Des ailes par pitié » Il y est question de la marche qui donne son sens à la vie, car « Il faut marcher, il faut marcher, En dépit de l´inéluctable, Il faut marcher, il faut marcher, Pour espérer trouver la vie aimable, pour trouver le ruisseau dessous la mousse ». Avec Philippe Forcioli, cette randonnée pèlerine terrestre prend tout son sens, si elle s’accompagne d’une élévation permettant d’échapper à l’angoisse du « trou » final.  Alain Bardou nous invita à entrer dans le monde des amoureux d’un jour de « La marine » de Paul Fort, prince des poètes, mise en musique par l’ami Georges Brassens, chanson ponctuée des notes de la clarinette grave de Marion. En conclusion, un drôle d’instrument à percussion joué par Marion, le bâton de pluie, accompagna l’oiseau chanteur dans son sautillement dans les branches de la vie poétique. Une soirée qui s’est conclue par le traditionnel et convivial verre de l’amitié et la vente du Recueil 2023 des Poètes sans frontière. A l’année prochaine !

Pierre-Jean Arnaud

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