Graulhet : retour sur la saison planeur
Une saison compliquée mais un bilan plutôt positif pour la formation
Pour Patrice Corbillé, président de l’ATVV, association tarnaise de vol à voile, « on sort d’une saison rendue compliquée en raison du double impact de la crise COVID et aussi de la météo fluctuante cet été. Mais le bilan peut être considéré comme positif car Graulhet tire très bien son épingle du jeu, notamment en matière de formation ; nous avons 250 licenciés ; certains prennent des licences temporaires. Nous sommes un des tous premiers clubs en matière de formation, notamment chez les plus jeunes. 65% des effectifs formés sont tarnais et de plus nous avons développé la découverte chez les féminines qui ont représenté 25% de l’effectif, avec par exemple l’opération « Ca plane pour elles ». Nous avons même formé une instructrice en fin d’année. Douze instructeurs ont été formés en douze ans. Actuellement, 18 instructeurs interviennent de façon régulière. Sur le plan sportif, nos jeunes se sont qualifiés pour le championnat régional à Condom dans le Gers ». Pour le championnat de France à Bailleau-Armenonville dans l’Eure du 29 mai au 5 juin, Yacine Vigourel et Ugo Corbillé finissent aux 8e et 9e places.
Les handis et seniors ne sont pas oubliés
Le mercredi 9 juin, 9 jeunes du CSES Jean Lagarde de Toulouse ont pu voler, « ce qui fut l’occasion de montrer à un public à mobilité réduite que le pilotage d’un planeur est possible ». Ensuite, toujours au mois de juin, le simulateur virtuel a été présenté à Albi à l’occasion du championnat de France handi, escrime et athlétisme qui s’est déroulé les 12 et 13 juin derniers. « Soutenus par le Département, nous avons mené des actions vers les seniors du Tarn, avec des prix améliorés », souligne Patrice.
Un avenir qui se dessine avec des projets porteurs : une proximité étroite avec la nature
Patrice Corbillé poursuit sur les projets du club : « Pour le futur, nous avons en projet l’acquisition d’un treuil pour compléter l’équipement du club. Cette année, 800 treuillées se sont déroulées sans bruit avec un appareil en location. Nous désirons en acquérir un et nous avons déposé pour cela un budget participatif au Département. Nous sommes également en contact pour un remorqueur avec Aura Aéro qui travaille sur le secteur des avions électriques et dont l’un des 3 associés est Jérémy Caussade. Nous voulons aussi offrir la possibilité de voler à un maximum de personnes grâce notamment au simulateur de vol, permettant ainsi l’accès au vol à des conditions avantageuses. En conclusion, notre ambition est de nous positionner dans le développement durable car le vol en planeur est celui qui est le plus proche de la nature, le plus proche du vol des oiseaux ; il utilise les courants thermiques naturels ; mis à part son décollage, il n’a pas besoin de moteur pour évoluer dans l’air ».
Ca plane pour moi ou les impressions d’un néophyte
Reprenant le titre de cette chanson culte de Plastic Bertrand à la fin des années 70, l’auteur de cet article va confier ses impressions aériennes à l’issue de son 1er vol en planeur, réalisé cet été sur l’aérodrome de Graulhet. C’est donc le mercredi 1er septembre dernier, en début d’après-midi, que je fus appelé par Patrice Corbillé pour participer à un vol sur un planeur de l’ATVV (Association Tarnaise de Vol à Voile). Ce jour-là, la météo était favorable ; le ciel bleu laissait apparaître une légère nébulosité avec à certains endroits des petits cumulus en formation. Jacques, le pilote de notre planeur Marianne, me conseille de troquer ma casquette de sport pour un bob plus protecteur contre le rayonnement solaire, très puissant sous la verrière. Après l’équipement d’un parachute, vous prenez place sur le siège amovible du planeur, vous l’ajustez à votre taille et vous bouclez votre harnais tout en ayant bien soin de garder la liberté de mouvement des mains et des pieds. Suivent les explications techniques sur les instruments de pilotage : le tableau de bord avec altimètre, anémomètre, variomètre, radio, fil de laine, compas, le manche et les palonniers pour les aérofreins. Fermeture de la verrière et préparation au décollage imminent face au vent dominant ; Jacques est aux commandes, moi en position d’attente et d’observation. Le remorqueur est en position de mettre les gaz, le câble se tend et c’est le top départ avec le soutien de l’aile par un volontaire ; celui-ci procure une aide précieuse au décollage en aidant le planeur à amorcer sa position d’équilibre après une course d’une dizaine de mètres.
« Quo non ascendet ? »
Les deux aéronefs prennent de la vitesse et après quelques secondes, les voilà qui quittent le sol et échappent ainsi à l’attraction terrestre. Les choses et les gens rapetissent et nous voilà survolant Graulhet, ses bâtiments, ses usines, ses immeubles, le cours sinueux de la rivière avec la boucle du Dadou, les lacs de Nabeillou et de Miquelou. Tous les champs sont réduits à des timbres-poste puis à des confetti et les piscines se signalent par leurs points bleus. L’attelage poursuit son vol combiné jusqu’à atteindre une zone où le planeur peut voler de ses propres ailes, se libérant de la tutelle de son devancier à moteur. Commence alors avec Jacques aux commandes la chasse aux courants thermiques ascendants et la montée dans les hautes sphères ; dans un silence seulement troublé par les frottements de l’air sur la voilure, l’avion se met à spiraler dans les courants aériens ; il amorce sa montée et dépasse les 1000 m. Jusqu’où ne montera-t-il pas ?, « Quo non ascendet ? », pour reprendre la devise de l’orgueilleux surintendant des Finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet. Nous voilà prêts à mettre cap au Nord vers Albi et le Séquestre. La cathédrale Sainte-Cécile et la cité épiscopale, nichée en bordure du Tarn, sont en vue mais il faut déjà songer au retour. Jacques en maître des éléments, ordonne à son aéronef un retour en terre graulhétoise et nous voici peu de temps après avoir survolé les immenses zones d’enfouissement des déchets de Trifyl, en regard de l’aérodrome. La piste se rapproche et c’est un atterrissage en douceur qui nous ramène sur le plancher des vaches. Un vol parfait mais impressionnant pour moi. Jacques m’interroge : « Cela va-t-il ? » ; – « Oui » fais-je rapidement, en allant rejoindre l’équipe des pilotes, bénévoles et instructeurs, en charge des vols d’initiation. Un grand merci à Patrice, à Jacques pour ces moments de rêve sur les reliefs tarnais et cette projection dans les demeures de la gent ailée ; nous avons tutoyé le monde des oiseaux !
Pierre-Jean Arnaud