Albi : L’art et le pouvoir au siècle de La Fontaine
Dans le cadre du 4ème centenaire de la naissance de Jean de La Fontaine, Clément Tonon a donné une conférence sur les rapports de l’art et du pouvoir au XVIIème siècle ; ce dernier a vu l’apogée des lettres et des arts. Clément Tonon, a bâti son exposé en séparant trois périodes ; la première part de la mort d’Henri IV jusqu’aux premiers temps de la Fronde ; la seconde correspond au règne de Louis XIII avec la forte influence du cardinal de Richelieu et de Mazarin ; la troisième s’ouvre avec l’avènement de Louis XIV et du pouvoir absolu, les grands du royaume étant présents à la Cour.
L’art baroque et l’art classique
Avec Henri IV, s’achève le grand temps médiéval et l’on assiste à l’émergence en matière artistique du baroque qui est une réaction après le concile de Trente, à la Réforme protestante qui prône simplicité et dépouillement. Illustration en est ainsi donnée par la statue équestre de Louis XIV par le Bernin ; le style classique advient ensuite avec Nicolas Poussin avec sa composition symétrique comme dans le Jugement de Salomon. Autre exemple d’art classique, la statue de Coysevox représente le roi soleil en pied, en pacificateur ; elle fut inaugurée le 14 juillet 1689 et échappa miraculeusement à la casse systématique des statues royales de la période révolutionnaire.
Le pouvoir et les écrivains
Sous le règne de Louis XIII, le rôle du cardinal de Richelieu, portraituré par Philippe de Champaigne, est considérable ; le pouvoir s’entoure de conseillers dont certains sont critiqués ; ainsi, Jean de La Fontaine dans le Conseil tenu par les rats : « Ne faut-il que délibérer, La cour en conseillers foisonne ; Est-il besoin d’exécuter, L’on ne rencontre plus personne ». Richelieu veut contrôler la presse et crée le premier journal La Gazette dont le privilège exclusif est confié en 1631 à Théophraste Renaudot. Après la Fronde et les tentatives de révolte des grands, Louis XIV va instaurer un pouvoir de plus en plus centralisé, ce qui se traduit par la création de la Cour de Versailles. Après la disgrâce de Fouquet, il récupère les écrivains de son rival et assoit sa protection sur eux ; alors que Racine est considéré par Heinrich Heine comme le premier des poètes modernes, Molière critique le phénomène de cour dans le Misanthrope avec le personnage d’Oronte. Quant à La Fontaine, il le fait avec des mots choisis dans les Obsèques de la lionne : « Je définis la cour un pays où les gens Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu’il plaît au Prince, ou s’ils ne peuvent l’être, Tâchent au moins de le paraître, Peuple caméléon, peuple singe du maître ».
Pierre-Jean Arnaud