Mazamet: concert avec 3 organistes

Dossier

Mazamet :   Un trio d’organistes pour le 150e anniversaire de l’orgue à Saint-Sauveur

C’était la veille de Toussaint que l’association Mazamet Patrimoine avait convié les mélomanes et amateurs d’orgue pour le 150ème anniversaire de l’orgue Cavaillé-Coll de l’église Saint-Sauveur. Le curé Laurent Pistre a accueilli les visiteurs par ces mots dont chacun reconnaîtra les liens avec l’actualité : « Pendant que certains célèbrent l’horreur, la terreur, le morbide, nous avons choisi de célébrer la joie et l’amour. Parmi les 3 mots de la langue française qui changent de genre en passant du singulier au pluriel : l’amour, le délice et l’orgue. L’orgue devenu les orgues au pluriel, a sa place ici à St Sauveur comme étant reconnu nationalement ; en effet, un prêtre de Dijon organiste a interpellé le curé, lui disant : ‘Mais vous avez un orgue magnifique à Mazamet ! ’». Jacques Beaulieu au nom de Mazamet Patrimoine accueillait les trois organistes : Pierre-Antoine Gau, titulaire de St-Sauveur et organiste apprécié ; Yves Gourinat, titulaire de Saint-Benoît à Castres et présent depuis 2009 et enfin Pierre-Marie Barthez, titulaire de Saint-Etienne de Toulouse, élève de Xavier Darasse.

L’orgue de Saint Sauveur : un bijou patrimonial

L’orgue de Saint-Sauveur a été construit par les ateliers du célèbre facteur d’orgues Cavaillé -Coll qui le livra le 8 janvier 1873. « Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899) a été le plus grand facteur d’orgues français et ses ateliers construisirent les plus importants et plus célèbres instruments : Notre-Dame, Saint-Sulpice, la Madeleine, le Sacré-Cœur… à Paris, Saint-Sernin de Toulouse, Saint-Ouen de Rouen, Saint-Etienne de Caen… et des centaines d’autres orgues en France et dans le monde entier jusqu’en Amérique Latine et même en Chine ! Aujourd’hui l’immense majorité de ses orgues sont classées Monument  Historique de par l’intérêt patrimonial qu’elles représentent. L’instrument de l’église Saint-Sauveur fut livré le 8 janvier 1873. Il comprend vingt-deux jeux répartis sur deux claviers de 54 notes et un pédalier de 20 notes à l’origine. La Maison Puget de Toulouse réalisa deux relevages en 1925 et 1930 avec pour seule modification le passage du pédalier à 30 notes par adjonction d’un sommier indépendant des structures de Cavaillé-Coll. Le 25 mars 1973, pour le centième anniversaire de l’instrument, un concert donné par Xavier Darasse et la classe d’orgue du Conservatoire National de Région de Toulouse inaugura la restauration effectuée en 1972/73 par la Maison Costa de Lodève, restauration effectuée dans un respect total de l’instrument et de son harmonisation d’origine. »

Un parcours musical de Bach à Flor Peters qui enjambe 3 siècles

Pierre-Marie Barthez présenta ensuite les œuvres qu’il interpréta, à commencer par César Franck et sa « Pièce héroïque » ; César Franck, un des principaux compositeurs d’orgue au XIXe siècle et surnommé « Pater Seraphicus », fut l’auteur de nombreuses œuvres de musique sacrée dont cette Pièce héroïque où se fait sentir l’influence wagnérienne et qui porte des harmonies recherchées, très profondes. Dans Cantabile, composée à l’occasion de l’orgue du Trocadéro à Paris, César Franck nous livre une œuvre pleine de poésie, de transparence, de paix et de sérénité. A la fin de sa vie, César Franck composa une série de 3 chorals que l’on peut considérer comme son testament musical ; Pierre Barthez interpréta son choral n°n3 en la majeur ; cette œuvre débute par une cascade d’accords romantiques et puissants avant de rejoindre une mélodie plus calme et sereine ; elle débouche ensuite après des rappels des à-coup et des aléas de l’existence humaine, sur un message où pointe l’espérance chrétienne avec en ligne de mire la certitude de la béatitude éternelle. Yves Gourinat nous invita à découvrir Flor Peeters, compositeur contemporain dont la filiation envers le Kantor de Leipzig apparaît notamment dans son choral en mi majeur. Pierre-Antoine Gau nous plongea dans les accents majestueux de la Marche pontificale de Charles Gounod et accompagna la Chorale de St Sauveur, dirigée par Sr Marie-Jo, dans deux morceaux de Couperin et de Bach, pour finir par la Mazamétole, hymne identitaire et  cher aux Mazamétains, composée par Charles Blattes.

Pierre-Jean Arnaud

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