Mazamet: La Fontaine, homme d’aujourd’hui

Mazamet : Une conférence sur La Fontaine, un homme d’aujourd’hui

« La raison du plus fort est toujours la meilleure, nous l’allons montrer tout à l’heure » ; c’est bien par la morale que La Fontaine introduit la fable du Loup et de l’agneau. Mais ce n’est pas une règle absolue. Dans La cigale et la fourmi, point de morale et La Fontaine laisse à ses lecteurs le soin de délivrer eux-mêmes le message qui en découle. Yves Lepestipon, professeur de lettres au lycée Fermat, a conquis l’attention des auditeurs de l’association J’aime lire réunis dans la salle du Palais des Congrès dans une conférence sur La Fontaine, un homme d’aujourd’hui. Il a fait ressortir le caractère intemporel de l’œuvre du génial fabuliste avec ses histoires d’animaux qui décrivent une peinture toujours actuelle des traits de caractère, des travers et du tempérament des hommes et des femmes de tous les temps.

Une célébrité tardive

La Fontaine est né en 1621 sous Louis XIII à Château-Thierry, situé à l’époque aux confins du royaume de France ; sa vie s’est déroulée ensuite sous le règne de Louis XIV ; il nous quitte en 1695. D’abord protégé de Fouquet, surintendant des Finances, il tombe alors en disgrâce après l’arrestation de celui-ci. Il trouve la célébrité à 47 ans grâce notamment à Mme de Sévigné lors de la publication de son premier recueil de fables en 1668.

Des fables animalières qui en disent beaucoup sur les ressorts humains

On a pu reprocher à La Fontaine son manque d’originalité puisqu’il a puisé une bonne partie de ses œuvres chez les auteurs antiques, notamment Esope et Phèdre qui traduisit ses fables en latin, mais c’est faire peu de cas de ses qualités d’écrivain qui alliant humour et poésie, renouvellent ce genre littéraire de façon inégalée. Chaque fable est repensée, réécrite avec une mise en scène originale et imagée qui nous captive et nous émeut, comme dans une mini-pièce de théâtre. Certes, les références à la mythologie et à l’antiquité nous parlent moins qu’aux lecteurs de son temps mais un vocabulaire recherché et poétique ne déçoit pas et les expressions savoureuses ne manquent pas ; il est question de pouvoir (le lion devenu vieux), de ruse (le renard et le bouc), de vanité (la grenouille et le bœuf) et d’affection (les deux pigeons) et aussi même de charité comme dans La colombe et la fourmi. Bref une palette très riche qui dessine à merveille les contours de l’âme et du cœur humains.

Pierre-Jean Arnaud 

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