Graulhet : Nadine Bonleux raconte l’aérodrome, ses pilotes et ses figures
Dans le cadre de la conférence donnée à l’association Temps libre, Nadine Bonleux, ancienne pilote à l’aéroclub a relaté l’histoire de ce club fameux en évoquant le portrait de ces hommes et femmes qui ont fait l’aviation sur Graulhet dans la décennie 1960-1970.
L’activité avion à moteur a repris après 1950 car pendant la guerre, les Allemands avaient fait labourer l’aérodrome. Après la guerre, Noël Pélissou et le colonel André Naudy avaient appelé à venir égaliser la piste et les Graulhétois sont venus pour accomplir cette tâche. André Naudy avait participé dans la cadre du groupe maquisard Lulu à l‘organisation de la Libération d’Albi.
Roland Durand ; il passe son brevet de planeur à 15 ans, puis celui de pilote d’avion un peu plus tard. En planeur, il réussit prendre de l’altitude et à monter à près de 2000 m ; de là-haut, il put ainsi voir la mer Méditerranée et aussi les Pyrénées. Engagé dans l’armée de l’air, il apprend ensuite à piloter aux USA. De retour en France, affecté au groupe de transport Anjou, il effectue plusieurs campagnes à l’extérieur : Indochine, Algérie. Il est aussi une des personnes les plus médaillées de la ville : aéronautique, Légion d’honneur, Mérite, Croix de guerre, etc… il démontre une grande capacité d’analyse et de maîtrise en toutes circonstances.
Robert Assié : est d’abord mécanicien, puis pilote ; homme doux et patient mais très strict sur les vols, il devient chef pilote ; il a formé toute une génération de pilotes.
François Corbière : mécanicien, avait fait ses armes de mécano chez M Averseng ; il avait une 2CV bleue et se déplaçait avec des records de lenteur ; mécanicien très pointu, il surveillait tous les avions de l’aéroclub. Donnant assistance pour le démarrage manuel du moteur avec l’hélice, il nous appelait ses petits, un peu comme un grand-père.
Parmi les autres figures, il faut citer Claude Nespoulous, toujours d’un calme olympien et Francis Vayssières ; Francis Vayssières construisait un avion le Minicab ; c’était au temps de la guerre d’Algérie ; des soldats avaient été postés pour garder l’aérodrome ; la piste était interdite ; Francis Vayssières s’est présenté quand même et un des soldats a braqué son fusil en sa direction : « On n’entre pas ».
Georges Auriol : était instituteur, il était pilote de planeur ; il avait atterri sur une plage près de Béziers. Il était professeur de français à l’Alliance Française à l’étranger ; grand voyageur ( Cambodge, Grèce) : ce dernier pays où il s’était marié. La Socata avait sorti le Rallye et il fallait quelqu’un pour le convoyer ; chose qu’il fit.
Autre pilote : Christian Viala et son Storch ; son père étant moniteur au centre national de vol a moteurs de Carcassonne. Autre mécanicien d’aviation : Raymond Calvel.
Débuts de pilotage : En 1960, j’avais 16 ans et comme j’étais mineure, il m’a été demandé une autorisation parentale ; celle-ci me fut donnée avec force réserve : « Je te donne le permis de te tuer ». Après une 2e visite médicale, j’ai pu apprendre à piloter ; Robert Assié s’est montré d’une patience extraordinaire : « une mouche passant au travers du cockpit te distrairait ». C’est ensuite Claude Nespoulous qui m‘a lâchée ; le lâcher est ce vol où l’on part en solo pour la 1ere fois. Il y avait ensuite un bizutage pour les pilotes qui se voyaient aspergés avec de l’eau de Seltz ; on organisait aussi une chasse au dahu. Le 2ème degré était ensuite obtenu après 20h de vol. Mon vol était Graulhet-Albi-Castres-Agen-Gaillac-Graulhet. J’ai moi-même ensuite donné des cours pour le second degré.
Mon plus grand souvenir : la vache. Cela m’est arrivé alors que j’accompagnais un élève ; tout à coup, l’hélice tournait sans le moteur ; l’avion s’est mis en position planeur et j’ai réussi à poser l’avion dans un champ à Cabanès.
Un voyage régional à Montauban : partis à 3 avions par une météo compliquée, nous décollons les premiers le Jodel et Minicab et suivons le Tarn pour arriver à l’aérodrome de Montauban ; quelle ne fut pas notre surprise de voir l’avion de Robert Assié, déjà posé qui avait effectué un vol en ligne droite.
Mes vols nous emmenaient aussi en Espagne, soit à Barcelone, soit à Alicante.
Un convoyage à Montpellier d’un cadre d’entreprise briatextoise s’est terminé par une démonstration de la Patrouille de France avec ses Fouga Magister; vu la météo, il fallait repartir d’urgence sur Graulhet ; quand dans la radio, une voix se fit entendre : « Ici La Patrouille, je laisse à Papa Juliette une 1 minute 30 pour décoller ensuite et dégagez immédiatement à gauche après le décollage ».
JP Massié et Pierre Bellières : JP Massié était amoureux d’une jeune fille habitant non loin de l’usine Weishardt ; ni une ni deux, il est allé se poser dans le pré de la belle.
Mes coupes et récompenses : « J’ai obtenu le 1e prix au concours régional de jeune pilote et le 2e prix au concours national. J’ai battu Henri Fournier, pilote du Concorde qui ramena le dernier exemplaire français de cet avion à Toulouse. Participé à la coupe Hélène Dutrieu : maximum de km en 3 pays différents : France-Espagne-Maroc ».
Episode de Gibraltar : Nadine raconte l’épisode mouvementée de son atterrissage à Gibraltar : « Je me suis posée à court d’essence sur le terrain d’aviation de Gibraltar, sous pavillon britannique, après avoir parlementé et discuté difficilement en anglais avec les agents de la tour de contrôle ».
René Andrieu : fondateur du club d’aéromodélisme jean Mermoz, René Andrieu, s’était attaché à la recherche d’épaves d’avions, notamment en Méditerranée. Son petit-fils Gérard a entrepris de conter la vie de cet aïeul passionné.
Pierre-Jean Arnaud