Albi: Bajén et l’éternel féminin

Albi : Bajén et l’éternel féminin

Retour à l’Hôtel Rochegude

Une exposition à ne pas manquer à l’Hôtel Rochegude, c’est celle du peintre Francisco Bajén qui se tient actuellement dans cet espace qui, comme l’a rappelé Stéphanie Guiraud-Chaumeil, maire d’Albi, est à nouveau disponible pour les différents artistes.  Maryvonne de Pablos-Tosser, de l’association des amis de Francisco Bajén et Martine Vega, présenta lors de ce vernissage, ce peintre  qui avait élu domicile avec son épouse Martine Vega dans le département du Tarn.

Qui était Francisco Bajén ? Un homme d’introspection et d’exposition qui travaillait dans la solitude de son atelier. Né en 1912 à San Clemente dans la province de León, cet artiste ibérique est d’abord un brillant élève qui, auteur de bandes dessinées, se lance dans des études de français et d’économie. Officier dans l’armée républicaine, il épouse la basque Martine Vega et trouve refuge dans le Tarn à Dourgne en février 1939. Il rencontre René Rouquier qu’il retrouve aux aciéries du Saut du Tarn à Saint-Juéry en 1942, où il est requis pour travailler. En 1944, un groupe d’échange se forme autour de Jean Roques et Jean Nectoux, professeurs, René Rouquier, instituteur, les ingénieurs Talabot et Champeaux, l’avocat Léguevaque, l’abbé Nouvel, Marcel Vedel et Francisco Bajén, ouvriers et artistes. Ce dernier trouve un emploi à l’usine de la Viscose où il travaillera jusqu’à sa retraite. La viscose est cette pâte visqueuse, fabriquée grâce à un procédé complexe à partir de cellulose extraite du bois ; elle a donné son nom au produit et au site « la viscose ». C’est à cette période que s’ancre sa vocation de peintre.

Une œuvre empreinte de plénitude intérieure et de gravité joyeuse

Après plusieurs années de recherche au travers des différents courants – du fauvisme au cubisme, Francisco Bajén finit par trouver son style en peignant des sujets tant profanes que sacrés. Il y appose sa griffe faite à la fois de plénitude intérieure et de gravité joyeuse, avec des volumes simplifiés à l’extrême et doucement colorés. Il est aussi le peintre du quotidien et des scènes champêtres : ses moissonneurs courbés sous le soleil estival délivrent la vision d’un monde où la nature semble dicter sa loi. Mais là où Bajén excelle, c’est bien dans la représentation de cet éternel féminin qu’il traque à longueur de tableaux ; regardez ce contraste entre la prestance puissante de ce garçon de café hiératique et la présence tout en grâces à ses côtés d’une belle cliente, pour ne citer qu’un exemple de cette exposition attachante.  Jean Cassou n’a-t-il pas écrit à propos de cet artiste : « Je tiens Francisco Bajén pour un des meilleurs peintres que l’Espagne en exil a forgés. Il a cette cette force et cette gravité des accents qui composent la langue plastique décorative, cet amour du vrai et du noble. »

Pierre-Jean Arnaud

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