Raymond Fau, le scout chantant, nous a quittés
Beaucoup de monde à la veillée du mercredi 29 décembre et beaucoup de monde le jeudi 30 décembre dernier pour accompagner Raymond Fau, le scout chantant, à sa dernière demeure. Il avait souhaité une célébration simple et digne, sans fleurs ni quête dans l’assemblée.
Une vie de chanteur, de voyageur et de photographe à la rencontre de l’autre, ce frère universel
Raymond Fau né en 1936 avait fait ses premières armes en maroquinerie. Fils d’un maroquinier qui était aussi musicien autodidacte, Raymond a très vite repris les chants de la chorale paroissiale et bien d’autres. Sa découverte de l’Afrique à l’âge de 18 ans est pour lui une révélation ; sous-officier, il aide à la constitution de troupes scoutes en République Centrafricaine. Rentré en France, il devient animateur national des Scouts de France en 1963. Sa carrière de chanteur le propulse à travers toute la France et même au-delà, au cours de veillées mémorables avec ses refrains connus comme « Tu es là, au cœur de nos vies ». En lien avec Gaëtan de Courrèges et le père Jean Debruynne, il donne une impulsion nouvelle au chant liturgique. Il interrompt sa carrière en 1996 et se consacre à la photographie. Il prend attache avec le Myanmar où ses voyages le conduisent ces dernières années.
Une veillée avec ses amis musiciens et chanteurs
Une soirée animée par Jean Pradelles, le frère de Pierre, a rappelé le temps des veillées qu’a longtemps organisées le chanteur graulhétois, dans toute la France. Plusieurs de ses amis musiciens, poètes et chanteurs avaient fait le déplacement dont Patrick Richard, Hubert Bourel, Jean-Pierre Bonsirven, Steeve Gernez, Danielle Sciaky, Jean Pradelles, Pierre Lebrun, François Thiveaux, Cécile et Jean-Noël Klinguer, Bernadette Chauvet-Salvan, Paul-Henri Claudel. Jean Pradelles excusait Sélim Hammadache, empêché pour raison sanitaire et représenté par ses parents. Les époux Klinger racontèrent le périple de Raymond Fau en 1969, sillonnant en 4 L les villages autour de Pont-de-Roide (25), avant un concert.
Messe d’adieu : fervente, sobre et émouvante
Plusieurs prêtres et diacres entouraient l’abbé Jean-Marc Vigroux, curé de la paroisse de Graulhet-Briatexte, Marie, mère de l’Eglise : Joseph Maindron , père blanc, 51 ans de compagnonnage avec Raymond, André Fabre diacre dans le Lacaunais, l’abbé Hubert Rouchès, ancien vicaire à Graulhet, Michel Rodier, diacre sur Castres, l’abbé Luc Bénéteau du Maine-et-Loire. Steve Gernez, son dernier guitariste – une vingtaine ont accompagné Raymond Fau durant sa carrière de chanteur- a évoqué avec tendresse et émotion la figure de Raymond, ou plutôt le ressenti de son accompagnement. Monseigneur Michel Cartatéguy, de la Société des Missions africaines, ancien archevêque de Niamey au Niger, retenu à Lyon, avait tenu à envoyer un message de sympathie pour Raymond Fau.
Ils ont dit :
André Fabre, diacre dans le Lacaunais : « Il est parti l’homme des longues routes; il est parti l’amoureux de la vie et de la liberté. L’homme des chansons du vent d’Autan, du petit train de Lacaune, du vieux pont d’Albi et des collines graulhétoises… Il est parti dans la lumière des visages croisés, aimés et gardés sur ses pellicules. Son œil était plus grand que le monde, sa soif de l’Autre et des autres était plus forte que ses chansons. Scout un jour, scout toujours, jusqu’au bout de ses doigts et de ses mains ouvertes ».
Frédéric Bardet, chanteur graulhétois, groupe GAJ : « Tout petit avec mes sœurs, on apprenait ses chansons à l’école, au caté, en famille ou dans les veillées scoutes. Avec ses chants entraînants « Tu es là au cœur de nos vies », il enthousiasmait toutes les générations. « Petit Écureuil, toi qui fais le fou… » J’étais fan j’avais quatre ans! Et plus tard : « Combien de temps », « N’aie pas peur », « Je partirai un jour » ou encore Santiago de Compostelle… »
Michel Rodier, diacre dans le Castrais : « J’ai connu Raymond Fau du temps de mes 16 ans lorsque j’étais chez les Scouts de France. Dans ce mouvement, Raymond va trouver matière à exprimer sa soif d’être utile et de s’investir au service des autres. » Raymond reconnaît que plus encore que la chanson, sa passion première c’est l’image, la photographie; cependant la passion la plus formidable c’est celle de la rencontre. » Voir aussi le livre de Jean Humenry : « Raymond Fau, le mendiant de lumière. »
Pierre-Jean Arnaud