Graulhet: Serge Simon, du bio à la photo

interview Serge Simon photographe 28 juil 2015 (7)

Graulhet – Serge Simon, un photographe au parcours atypique : du bio aux paysages urbains et champêtres
Si vous vous promenez au commencement de l’avenue de Gaulle, vous ne pourrez pas manquer de tomber sur la boutique photo de Serge Simon qui s’est installé depuis ce début d’année 2015, au n° 1 de l’avenue. Arrivé à Graulhet en 2012. Serge Simon a été séduit par le bien-vivre graulhétois ; il confie ses impressions et son parcours dans cette interview réalisée ce mardi 27 juillet 2015.
Monsieur Serge Simon, qui êtes-vous ?
Je suis maintenant photographe depuis quelques années et c’est l’aboutissement d’un parcours, d’un parcours de passion qui a commencé très tôt. J’ai débuté d’abord par l’agriculture biologique ; aujourd’hui, l’agriculture biologique a pignon sur rue. A l’époque, ceux qui avaient fait ce choix étaient montrés du doigt, un peu comme des sorciers ou des sorcières. C’était une activité de conviction. L’agriculture pratiquée avec passion est une fenêtre ouverte sur l’observation de la vie, de la terre, du ciel, de la lumière, de l’eau, du feu, de la pierre.
Etes-vous originaire du Tarn ?
Non, je viens d’Alsace.
Vos parents étaient-ils aussi dans l’agriculture ?
Absolument pas. Moi, je suis issu d’un milieu urbain à 100%. Mais l’agriculture, ce sont mes racines depuis ma majorité. Après l’agriculture, j’ai changé complètement de direction et j’ai fait une formation de géomètre. J’ai été géomètre topographe. Là aussi, j’ai exercé ce métier avec passion. C’est un autre univers où on travaille également avec la lumière, la géographie, la topographie, la terre, le ciel, l’eau. Et puis parallèlement à cette carrière de géomètre-topographe, j’ai fait de la musique aussi passionnément. J’ai appris le piano très tard, à l’âge de 40 ans. Mais faire du piano sérieusement, cela demande du temps : une heure le matin avant d’aller travailler et une heure le soir. Après avoir étudié la musique, je me suis à la peinture. Mais pour en faire un moyen d’expression significatif, cela me demandait une technicité que je n’avais plus la patience d’acquérir. J’ai donc opté finalement pour la photographie.
Actellement quelle est votre activité ? Etes-vous venu à Graulhet depuis longtemps ?
Je suis arrivé à Graulhet fin 2012, en changement d’orientation. Pour en revenir à la photographie, je m’y suis investi de manière approfondie dans les années 2002, 2003. J’ai beaucoup appris sur Internet, notamment grâce à un forum de photographes amateurs dans lequel j’ai trouvé ma place en tant que rédacteur, formateur, apprenti et encourageur. J’ai acquis mes connaissances autant auprès de photographes experts que de photographes amateurs ; en effet, chaque photographe a sa propre recherche, son propre travail, son propre œil, son appropriation de ce métier-là qu’est la photographie. Voilà ce que j’ai découvert en rencontrant virtuellement d’autres photographes. Cela m’a permis de respecter le travail du photographe quel qu’il soit, professionnel ou amateur.
Vous avez choisi de vivre cette activité de la photographie de façon professionnelle…
C’est la première fois que j’ai un magasin, c’est-à-dire une activité de photographe public. C’est une expérience de vie que j’aurais vraiment regretté de ne pas avoir faite. Maintenant l’avenir n’est pas écrit ; je ne sais pas combien de temps cela va durer. Je propose un œil photographique qui est le mien. Il y a certaines personnes qui y sont sensibles, d’autres moins. Aujourd’hui, un de mes challenges, c’est de montrer ce que peut être un œil photographique, dans la mesure où dans ma boutique, je produis des impressions photos grand format sur un papier de très grande qualité, un papier archive. J’utilise aussi des encres de très grande qualité. Mes impressions font voir de la lumière, des formes, des points de vue, des perspectives qui peuvent dérouter au premier abord mais j’entends dire autour de moi, à droite et à gauche, des phrases comme : « Je vous présente Serge Simon, le photographe ; il m’a fait ré-aimer Graulhet ».
Votre passé de géomètre vous a-t-il permis d’entrer plus facilement dans le monde de la photo du paysage urbain, du paysage champêtre ?
Champêtre bien sûr puisque Graulhet se situe presque dans un parc régional ; la campagne est absolument magnifique. Prenez la voiture pendant 2 mn et demie et vous êtes dans les paysages tarnais. L’urbain, ça c’est un autre challenge ; c’est un paysage urbain qui est un peu particulier, peut-être avec plus de passé de patrimoine. Parce que Graulhet a un patrimoine absolument méconnu, aussi bien par les institutions que par les habitants. Cela a été une opportunité de montrer ce que peut-être un œil sur quelque chose qui n’est pas vu.
Est-ce que cette activité est une activité alimentaire ou une activité passion ?
La passion, oui. Mais la passion est en train de mûrir et nous sommes tous confrontés à l’alimentaire. Bien sûr, j’essaie de faire connaître ce travail. Je remercie au passage toutes les personnes qui m’encouragent dans ce sens-là mais je ne peux pas faire ce travail gratuitement pendant trop longtemps.
Est-ce que vous avez des projets à court ou moyen-terme depuis votre établissement assez récent sur Graulhet en tant que photographe ?
Oui, en ce moment je fais des impressions sur Graulhet sur papier archive grand format 60×90, encadrées en 70×100 ; elles sont au nombre d’une dizaine ; j’aimerais pouvoir les présenter toutes ensemble dans un endroit unique.
Connaissez-vous l’Hôtellerie du Lion d’or ?
J’en ai entendu parler ; plusieurs fois, on m’a soufflé à l’oreille le nom de ce monument. L’Hôtellerie du Lion d’or, c’est un lieu exceptionnel que j’ai envie d’explorer. Cela fait partie de mes projets photographiques.
Ne pensez-vous pas que ce lieu pourrait être réhabilité avec l’aide des institutions pour en faire un lieu culturel ou artistique, une galerie photos ?
Je ne peux pas répondre parce que je ne connais pas ce lieu. Mais si ce lieu est tel que l’on me le décrit, certainement, il demande à être rouvert, puisque cela fait partie d’un patrimoine qui est fermé aujourd’hui. C’est quelque chose qui me plaît beaucoup.
Est-ce que vous avez en tête d’autres remarques à formuler, sur Graulhet, sur ses habitants, sur votre environnement, sur le Tarn, plus généralement sur votre activité ?
Concernant le Tarn, j’ai des racines dans le Sud-Ouest. Mes 3 enfants sont nés en Ariège. Je suis originaire d’Alsace. J’ai aussi des racines en région parisienne. Mes racines du Sud-Ouest m’ont amené à Graulhet. A Graulhet, c’est un endroit que j’aime beaucoup ; j’aime beaucoup l’accueil des gens de Graulhet. J’aime beaucoup le rapport humain qu’on peut avoir avec les Tarnais. J’y retrouve des gens empreints de sol et de terre. Je m’y reconnais.
Sur Graulhet, à part l’Hôtellerie du Lion d’or, êtes-vous attiré par certains monuments emblématiques ? Certains lieux vous attirent-ils plus que d’autres?
Non, pas particulièrement. Quand je fais des photos de patrimoine, ce n’est pas prémédité. On parle beaucoup de patrimoine, mais le patrimoine, c’est vraiment ce qui nous entoure. Peu importe à quelle époque le bâtiment a été construit ; le patrimoine, c’est le milieu urbain dans lequel nous vivons. Il y a des monuments qui sont respectables, mais ce ne sont pas forcément eux qui ont la vedette. En revanche le patrimoine, c’est-à-dire un milieu urbain, un milieu de tous les jours aux pieds duquel on passe, le rendre noble par la photographie comme un monument, ça c’est un challenge photographique que j’aime bien présenter, même s’il est un peu déroutant pour certains.
Pour ce que vous en savez, pensez-vous que la rivière Dadou a retrouvé sa place et son estime auprès des habitants?
Je n’en ai aucune idée. Je sais que le Dadou habille beaucoup de mes photos ; il fait partie de mon univers, de ma vision du patrimoine de Graulhet : le Dadou de la pierre, du ciel et des nuages. Je sais que dans ce paysage-là, chaque élément a sa place et le Dadou a sa place aussi bien que les nuages qui lui passent au-dessus. C’est l’occasion de montrer le Dadou d’une autre façon que celle qu’on a l’habitude de le voir.
Propos recueillis par Pierre-Jean Arnaud

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