Cardinal Turkson : L’impact de « Laudato si’ » sur les gouvernants
Pour le président du Conseil pontifical Justice et Paix, au micro de Radio Vatican le 11 août 2015, les responsables politiques « écoutent » le pape.
source Zenit.org
Rédaction-Rome, 13 août 2015 (ZENIT.org)- Pour le cardinal Turkson, en annonçant la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, le Saint-Père a posé un geste d’une portée œcuménique autant qu’écologique. De plus, les responsables politiques « écoutent » le pape…
Cardinal Turkson : Cette annonce est très, très significative. Comme on le voit déjà dans l’encyclique, il y a ce désir de montrer un visage œcuménique. L’idée d’adopter cette Journée pour la création, en septembre, comme le fait déjà l’Église orthodoxe, symbolise quelque chose de très, très important : une convergence d’idées entre ces deux Églises. Bien sûr, le Saint-Père aurait pu choisir n’importe quelle autre date. Avoir donc voulu adopter la même date que l’Église orthodoxe est très, très significatif. Au lieu de multiplier les célébrations, on cherche à converger sur celles qui existent déjà.
Dans son exhortation post-synodale Evangelii gaudium, le pape François affirme que la réalité est plus puissante que les idées. C’est justement ce qui est manifesté ici. L’encyclique propose beaucoup d’idées, mais le choix d’une date pour la célébration rend concrètes, d’une certaine façon, toutes les propositions faites dans l’encyclique. Par conséquent, ce ne sont pas simplement des idées présentées, mais il y a un désir de les rendre concrètes.
Alessandro Gisotti : Dans la lettre qui vous a été envoyée, à vous-même et au cardinal Koch, où est annoncée la Journée pour la sauvegarde de la création, le pape François demande aux fidèles, comme il l’avait déjà fait dans l’encyclique Laudato si’, une conversion écologique…
Il y a une dimension de continuité dans les pensées exprimées dans l’encyclique. La continuité, dans ce cas, se réfère aux idées déjà avancées par les autres pontificats. Par exemple, cette idée de conversion écologique a été présentée, pour la première fois, par le pape Jean-Paul II. La conversion écologique nous pousse à reconnaître que nous devons tous changer de vitesse et contribuer, de diverses manières, à la sauvegarde du monde, changer de cap. Cela peut sembler difficile, mais à travers ces petites choses, nous pouvons démontrer, manifester notre désir d’assumer de petits engagements qui représenteront ce changement de vitesse de notre part à tous. Nous pouvons aider un peu à la sauvegarde de la création.
L’encyclique Laudato si’ fait l’objet d’une grande attention au niveau mondial. Selon vous, les responsables politiques mondiaux écouteront-ils le pape ?
Ils ont déjà commencé à écouter. Et j’en ai déjà des témoignages. Le 29 juin, j’étais à New York, à la tête d’une délégation du Saint-Siège, pour une discussion sur le thème du changement climatique. Les interventions citaient, l’une après l’autre, l’encyclique du pape François. Même si l’encyclique n’est pas exactement sur le thème du changement climatique, mais vraiment sur la création et l’écologie intégrale, ils citaient l’un après l’autre la partie qui traite de la question du changement climatique. Par conséquent, le retentissement est déjà là. Ici aussi, nous continuons de recevoir des lettres qui félicitent le Saint-Père pour la publication de cette encyclique et ces lettres ne viennent pas seulement de chercheurs, mais aussi de chefs, de dirigeants et de membres de gouvernements. En juillet dernier, à Paris, Nicolas Hulot, conseiller du président français, a organisé un événement sur la question de l’environnement. En ouvrant la conférence, le président Hollande a cité largement l’encyclique du pape François. Il n’y a pas de doute sur l’impact que l’encyclique a eu sur les différents gouvernements. Je suis passé il y a quelques jours au Ghana et là encore, le président a envoyé une lettre au nonce apostolique du pays, pour lui dire sa gratitude pour l’encyclique. L’impact de l’encyclique sur les gouvernements et sur les représentants des organisations mondiales ne fait aucun doute.
Le président des États-Unis aussi, Barack Obama, a cité l’encyclique Laudato si’ en présentant justement son plan pour la réduction des émissions de dioxyde de carbone…
Cela veut dire que les discours du Saint-Père sont très suivis par diverses personnalités dans le monde