Musée Dom Robert: symphonie chromatique

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Sorèze : Ouverture du musée Dom Robert à l’abbaye école : « Une symphonie chromatique et tonique au pied de la Montagne Noire »

 L’ouverture ce samedi 11 avril à Sorèze du musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle a donné l’occasion au public de pénétrer dans cette abbaye-école, chère à Lacordaire,  embellie des œuvres de cet artiste hors pair, ce moine aux yeux aimantés par la belle nature environnante. Nature qu’il n’aura de cesse pendant plusieurs décennies de dessiner et de reproduire dans un style à plat, inimitable.

Un  projet porteur pour le territoire, dans un bâtiment austère qui  s’embellit et reprend vie

La volonté des pouvoirs publics est de mettre en valeur un patrimoine culturel et artistique régional renforçant l’attractivité de ce territoire sud du département du Tarn, au pied de la Montagne Noire. Le but est d’établir des connexions vertueuses avec la Cité de la tapisserie et de l’art tissé à Aubusson, en valorisant la tapisserie d’Aubusson, reconnu comme patrimoine immatériel de l’Humanité par l’Unesco en 2009. Ce nouveau domino culturel  vient s’ajouter aux composantes existantes du site, contribuant à lui donner de la vie et un élan nouveau : parcours muséographique sur l’histoire de l’enseignement, festival de musique, centre de formation, le tout fonctionnant dans des structures de cet ensemble monumental : auditorium, salle de concerts, hôtel de 72 chambres, restaurant gastronomique…).

La touche architecturale italienne dans un projet scientifique et culturel harmonieux, respectueux autant des lieux que des œuvres présentées

Le projet scientifique et culturel développé par Brigitte Benneteu, conservateur en chef départemental -Musées du Tarn et par Sophie Guérin-Gasc, directrice de l’association Dom Robert, docteur en histoire de l’art, a permis de mettre en lumière à la fois la beauté monumentale de ces lieux rénovés et la richesse artistique des œuvres présentées. La restauration de cette aile de 1500 m2 a été confiée au cabinet d’architectes italiens n!studio, dirigé par Susanna Ferrini. Celui-ci a très bien respecté le cahier des charges  du projet en conférant au patrimoine bâti existant, ouverture, lumière et modernité. Brigitte Benneteu et Sophie Guérin-Gasc ont dans cet écrin rénové de l’abbaye-école, pu insérer et mettre en valeur les collections de la communauté d’En Calcat, comme autant de bijoux et de perles sur un parcours muséographique à la fois ludique et très bien documenté. Cette transcription réussie du projet  n’évince ni le processus de création réalisé à partir des carnets de croquis, des dessins préparatoires jusqu’au rendu final de l’œuvre d’art par les artisans des ateliers Goubely, ni le contexte historique de la tapisserie de lisse à Aubusson dans les arts décoratifs du XXe siècle.

Un parcours muséographique en continuum du parcours existant de l’abbaye-école

Loin de constituer une rupture dans la restauration de l’Abbaye-école, le projet s’inscrit dans la continuité du programme mené par le Syndicat mixte depuis vingt ans. Le génie de cette dernière rénovation est d’assurer dans le parcours à la fois une lecture des strates successives qui garde mémoire des évolutions du bâtiment, de privilégier une fluidité maximale dans la circulation et de préserver par des « interventions « minimales » une réversibilité de celles-ci. Le cabinet n!studio a mis un point d’honneur à « valoriser le rapport entre les bâtiments et le paysage environnant en soulignant et valorisant les points de connexion entre l’intérieur et l’extérieur. » C’est ainsi que la position haute du musée au 1er étage permet un dialogue avec l’environnement existant de la Montagne Noire, qui a si bien inspiré Dom Robert.

Dom Robert : des Arts déco aux champs d’En Calcat

On connaît l’itinéraire de Guy de Chaunac Lanzac, devenu ensuite Dom Robert ; né à Nieuil-l’Espoir dans la Vienne en 1907, il finira ses jours le 10 mai 1997 à l’abbaye d’En Calcat. Il avoue avoir eu très jeune, dès 4 ans, un goût immodéré pour le dessin. Passé par l’Ecole des Arts décoratifs de Paris, il effectue son service militaire chez les spahis à Marrakech, où il profite de son temps libre pour réaliser une multitude de croquis. Comment est née sa vocation monastique ? Il le relate lui-même : « Après mon service militaire, je me suis retrouvé désoeuvré. Regardant autour de moi, j’ai découvert un ami, celui qui est devenu à En Calcat dom Clément Jacob. Il s’appelait à ce moment-là Maxime Jacob. Nous nous voyions beaucoup et il me dit un jour : ‘’ Je me rends à Dourgne pour la prise d’habit de Jacqueline Rivière, (la fille de l’écrivain Jacques Rivière)’’. Alors, je l’ai accompagné et c’est à ce moment-là que, venant à Sainte-Scholastique, j’ai reçu cette espèce de coup de foudre : en sortant des vêpres, j’ai dit :’’Je reste’’. » En 1940, dans l’Aude à Palaja, la vision d’une superbe cour de ferme lui révèle son univers pictural. Son inspiration est trouvée et sa rencontre en 1941 avec Jean Lurçat va sceller son destin artistique. C’est ensuite le début de sa carrière avec les trois premières tapisseries – L’Eté, Le Printemps, L’automne- tissées dans les ateliers Tabard  d’Aubusson ; elles rencontrent tout de suite un vif succès. Ses autres tapisseries sont tissées dans les ateliers de Suzanne Goubely à Aubusson. Il est exposé à Paris dans les grandes galeries comme la Demeure. Puis ce sont un an passé à Kerbénéat en Bretagne et 10 ans à Buckfast qui lui donnent sa réputation et aussi une certaine indépendance, liée à son statut d’artiste. Dom Robert revient à En Calcat en 1958 pour une production ininterrompue jusqu’en 1994, quand une chute sévère vient mettre un terme à sa création artistique. Il disparaît en 1997, achevant de « tresser et de coudre ensemble les fils de la louange  (ora)… et ceux de l’observation méticuleuse (labora), ayant donné tout son temps à cet interminable office divin consistant à célébrer la beauté de la création. »

Des échos laudatifs de la part des premiers visiteurs

Les visiteurs rencontrés lors de cette première journée d’ouverture ont exprimé leur contentement devant la scénographie de ce parcours muséal, soulignant la parfaite osmose entre le cadre patrimonial de l’exposition et les collections prestigieuses qui y sont exposées. D’ailleurs, la première salle où rentre le visiteur comporte deux immenses fresques photographiques représentant Dom Robert, un moine dans les champs. Au plaisir visuel lié à la représentation des tapisseries s’ajoutent la fluidité spatiale et le dialogue tant avec le reste des bâtiments de l’abbaye-école qu’avec l’environnement de la Montagne noire. Nature et culture sont ainsi associées dans un continuum contemplatif saisissant. Le satisfecit s’exprime aussi sur la juxtaposition harmonieuse d’éléments conservés dans leur jus d’origine comme les lampes et d’éléments de modernité de bon aloi  tels les tuyaux de verre dans la salle de l’atelier Goubely. De subtils jeux de miroir permettent d’embrasser d’un seul regard le carton dessiné par l’artiste et la tapisserie qui en est issue.

Une rotation prévue des collections

La visite se poursuit vers la production contemporaine des 35 tapisseries des autres artistes exposés : Henri-Georges Adam, Pierre Fulcrand, Nils Furto, Marcel Gromaire, Théo Kerg, Jacques Lagrange, Jean Lurçat, Mario Prassinos, Pierre Sicard, Gustave Singier, Boris Taslitzky, Michel Tourlère. Pour ce qui est des collections de Dom Robert, qui restent la propriété de l’abbaye d’En Calcat, elles sont constituées de 60 tapisseries, 2156 dessins, 24 œuvres peintes, 129 cartons de tapisserie et 16 maquettes. Un tiers seulement de cette collection est présentée par rotation, le reste étant dans les réserves ; un renouvellement du «  parcours permanent » est programmé tous les deux ans pour des raisons de conservation et soutenir l’intérêt du public pour ce haut lieu d’exposition. Des évènements temporaires pourront être organisés  « liant patrimoine et art contemporain ».

Un financement majoritairement public

De L’Etat à la commune de Sorèze en passant par la région Midi-Pyrénées et le département du Tarn, la plus grande partie du financement a été réalisée par les pouvoirs publics. Le mécénat et la société Pierre Fabre atteignent près de 10 % des 4,5 millions d’€ HT, nécessaires à ce projet de rénovation.

Le réseau des musées et des sites autour de la tapisserie et des savoir-faire textiles en Massif Central

Depuis 2011, une structure commune regroupe sites et musées pour « développer des actions de conservation, de formation, de diffusion et de médiation pour faire connaître ce patrimoine auprès du public le plus large ».

-La Cité de la Tapisserie et de l’art tissé à Aubusson (Creuse)

-L’abbaye de la chaise-Dieu (Puy-de-Dôme)

-La collection de tapisseries du château de la Trémolières à Anglards de Salers (Cantal)

-Le musée de Lodève (Hérault)

-Le musée départemental du Textile de Labastide-Rouairoux

-Le Musée-atelier Jean Lurçat de Saint-Laurent-les Tours, Saint-Céré (Lot)

Informations pratiques

Abbaye-école de Sorèze

Rue St Martin- 81540 SOREZE

Tel : 05 63 50 86 38

www.abbayeecoledesoreze.com

Horaires d’ouverture:

D’octobre à mars : 14h à 17h30

D’avril à septembre : de 10h à 12h30 ; de 14h à 18h.

Fermé les mardis excepté en juillet et août ; fermé les vacances de Noël, le mois de janvier et le 1er mai.

Tarif : 7 €

Sources documentaires : dossier de presse, les Saisons de Dom Robert.

Remerciements à tout le personnel de l’abbaye-école et  remerciement spécial à Brigitte BENNETEU pour sa disponibilté, ainsi qu’à Sophie GUERIN-GASC. Deux dames de tête et de cœur qui ont porté ce projet avec enthousiasme et ténacité.

 Pierre-Jean ARNAUD -11 avril 2015-

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